Journal de bord

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Kompong Cham, le 17 Octobre de l'an de grâce 2000

Climat changeant

vais toujours très bien même si le climat change assez facilement et passe du froid au chaud. J'ai passé la semaine dernière avec un pull et un krama (chèche scout à la khmère, ou foulard de khmer).

Le transport par car au Cambodge

Je suis donc allé jeudi dernier à Phnom Penh. J'ai pris pour la première fois le car. Il y a une télé à l'intérieur ! Ils passaient des clips de karaoké complètement niais, c'est terrible... Des histoires à l'eau de rose entre un gars et une fille. Il n'y a que ca ! On voit le chanteur mater une fille qui fait la timide puis il finissent par être ensemble. Ou alors, un gars ou une fille reçoit une lettre de rupture et se suicide à la fin de la chanson avec des médicaments... bref, vive la chanson cambodgienne !

Distribution de médicaments

Le lendemain, 6h, je partais avec mon préfet apostolique, trois soeurs missionnaires de la charité (de mère Térèsa), un séminariste d'ici et un jeune du centre de jeunes de Kompong Cham. Nous partions pour Kar Sampov à 7 km de la frontière vietnamienne au sud du pays, rive gauche du Mékong. C'est un village de vietnamiens à qui nous allions distribuer des médicaments de première urgence.

Embarquement difficile

Le chauffeur des soeurs nous a emmené dans une petite camionnette avec une dizaine de cartons, sacs et malles. 2 heures de route un peu cabossée, puis arrivée à un port à la khmère. Nous avons fait un petit bouchon car la digue qui menait au port était complètement détrempée par la pluie et il y a avait de la boue à n'en plus finir, et le préfet se demandait comment faire. Nous avons loué une petite charette pour les bagages poussée par des hommes qui avait de la boue pratiquement jusqu'au cou. J'ai fait du surf... Je m'enfoncai parfois jusqu'au bas du molet !... Mes sandalles étaient finalement mieux loties aux JMJ... Négociation avec tous les marins pour descendre le Mékong, deux heures de bateau.

Contrôle de police

Il y a eu un bateau de policiers qui profitent des voyageurs pour arrondir leur maigre paye. Mais les marins ont expliqué que c'était une ONG, avec des responsables. Ils nous ont laissé passer. Il parait qu'ils ne cherchent pas trop l'embrouille car le 1er ministre veut aider des occidentaux depuis 98 et il les protège dans son intérêt. Donc la police ne veut pas avoir affaire avec lui. Ce n'est pas un 1er ministre français. C'est l'homme fort, respecté et puissant du pays.

Nouvelle étape

Arrivés à une route qui barre le chemin, nous nous arrêtons. Cette route est plus qu'abimée avec les inondations. La moitié en largeur s'est effondrée deux metres plus bas. C'est assez impressionnant, on se croirait en guerre. 2h d'attente d'un autre bateau, puis deux autres heures de bateau toujours vers le sud et sur les terres inondées par le Mékong.

Enfin arrivés

A 4h, nous sommes accueillis par le village, repas puis discussion pour voir comment va se passer la distribution à tous les villages de la région. Ce village est encore complètement inondé, donc on ne se déplace qu'en bateau ou de maison en maison par passerelle. J'ai passé deux jours à vivre sur trois maisons. Deux semaines plus tôt, il y avait 2 mètres de plus... Donc, les maisons sur pilotis étaient dans l'eau.

Dispensaire improvisé

Le lendemain, distribution sur un bateau amarré à la maison où nous dormions. Les gens arrivaient par bateau dans le calme. Les soeurs diagnosquaient rapidement et prescrivaient paracétamol, acide acétique, piqûre de vitamines B... On donnait aussi des petits paquets de gateaux. elles m'ont permis d'être utiles ! Je leur passais les médicaments, j'allais chercher ceux qui manquaient à l'intérieur de la maison. J'ai même appris à préparer les injections ! J'en ai fais pas mal entre 7h et 16h... Tout était assez bien prévu, de la prudence (seringue...) à l'enregistrement des familles qui venaient (pour qu'elles ne reviennent pas une seconde fois...). On a fait une pause d'une heure, un mars et c'était reparti.

Messe amphibie

Dimanche, messe sur le bord de la maison pour que des chrétiens assistent de leur bateau (l'église était sous l'eau). Chaine de confessions, repas et départ en sens inverse pour Phnom Penh.

Mauvaise rencontre ?

Sur l'un des bateaux, un homme m'a parlé en anglais : "vous êtes francais ? -Oui - je suis de la police, contrôle de l'immigration." Un gars assez bizarre, toujours en train de me sourire. En fait comme tous les cambodgiens... Je me suis demandé si j'avais bien ma carte consulaire et les photocopies de tous mes papiers. C'était bon. Puis je me suis rappelé que la police fait souvent des virées dans ce coin du pays puisque c'est la route n° 1 des vietnamiens clandestins.

De retour à Phnom Penh

Le reste du retour s'est passé sans trop de difficultés. nous étions à Phnom Penh au début de la nuit. Arrivé chez les soeurs, une multitude de petits gars orphelins est passée sur mes bras pour faire le tourniquet et autre jeux qu'on peut faire avec des 10 kg tout mouillés... très sympas !

L'altruisme vietnamien

J'ai été marqué par l'altruisme des vietnamiens cathos qui accueillaient dans leur village des khmers, des bouddhistes alors qu'ils sont ennemis. Ils sont même passés en dernier. J'essaye de me mettre à leur école, même si je me rends compte que je suis loin derrière eux.

Des enfants modèles

J'ai été marqué aussi par l'obéissance, le calme et la maturité des enfants. Ils travaillent déjà assez jeunes et se satisfont de rien. En laissant ma croix à une petite fille qui m'avait rendu des services, alors qu'elle lavait du linge et que nous étions en train de partir, elle m'a fait un large sourire sans arrêter son travail. Je crois que je ne l'oublierai jamais.

Rencontres épidermiques

J'avais aussi parlé autant que je pouvais à des petits gars au premier port. c'était des khmers assez pauvres qui mendiaient mais ils étaient surtout intéressé par ce blanc. Beaucoup touchent discrètement ma peau pour voir s'il n'y a pas de maquillage peut-être, car ca doit être assez rare de voir des blancs dans la région. Alors je fais pareil avec leur propre peau et c'est l'occasion de prendre contact en commencant par rire. Au retour, ils se rappellaient mon nom ! Ils devraient aller à l'ecole, ils ont une bonne mémoire...

Occupations futures

Pas mal de souvenirs mais je suis toujours tourné vers l'avenir car il ne me reste plus qu'un mois pour apprendre la langue. Je crois que je vais moins bouger. Le lycée demande un prof de francais pour les profs khmers de francais. Et mon chargé de poste, le P. Georges Colomb, qui fait sa visite à tous les coopérants du cambodge, me demande de prendre ce poste. c'est un peu ce que lui-même faisait quand il était en mission.

Tout se passe bien pour moi. Je viens d'apprendre que ce n'était pas le cas pour un autre coopérant qui a beaucoup de mal à s'adapter. Il faut prier pour ceux qui sont en galère.

A très bientôt !

David

PS: pensez bien à mettre "pour David Lamballe" dans le sujet, ca évite qu'on ouvre mes mails pour voir pour qui c'est destiné, surtout qu'après, on ne voit plus qu'ils sont nouveaux !

On peut me joindre aux adresses suivantes :

David Lamballe
Eglise Catholique de Kompong Cham
BP 123 Phnom Penh
Royaume du Cambodge
ou
cat_cham@camintel.com

PPS: Je suis en manque d'info sur le monde ! Alors si vous pouvez rapidement me dire ce qui se passe dans vos mesages ca me permettrait d'être un peu plus raccroché ! Merci.

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