Journal de bord

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Kompong Cham, le 19 Novembre de l'an de grâce 2000

Oyez !
Encore un petit mot pour vous raconter ma sortie du WE. J'espère que vous ne commencez pas à en avoir assez de mes histoires ! Ca va commencer à être toujours pareil maintenant côté exotisme. On a tous passé le cap maintenant...

En remontant le Mékong, vers Kondol Leu

Hier, avec le missionnaire francais, nous sommes partis en bateau rapide (un grand bateau pour le pays), pour Kondol Leu (presque 2 heures de voyage), en remontant le Mékong. Il me manque encore la ville de Kratchié, encore plus en amont, puis après c'en sera fini pour les villages avec des chrétiens, pour la préfecture apostolique de Kompong Cham. Après, il faudra que j'aille dans les montagnes de Mondolkiri et de Ratanakiri pour aller plus loin (mais le voyage sera plus long. On a le temps de voir venir...) Dans ce bateau, il y avait deux télés, et des enceintes suffisamment puissantes pour me casser les oreilles. Alors je suis monté sur le toit du bateau (aucun risque !). Mais j'étais le seul. Les cambodgiens supportent mieux le soleil que moi mais ils l'évitent autant qu'ils le peuvent.

Les rives du Mékong

Revenons au bateau. Très beau voyage. J'ai apercu les premières élévations du terrain (ici, ils les appellent "montagnes" alors que ce ne sont même pas des collines. Mais le pays est tellement plat dans la région...) Je n'ai pas vu de dauphins. Il paraît qu'il y en a quelques uns dans le Mékong en amont.

Kondol Leu

Kondol Leu : 200 chrétiens ! C'est l'un des plus christianisés du pays. Des gens très gentils avec qui j'ai pu me faire les dents pour le khmer. Et ce n'est toujours pas gagné... J'y ai revu des gens qui étaient venus à Kompong Cham en transit pour aller à l'hôpital. On a traîné avec les gens dans la rue, je n'ai rien compris, ou pratiquement rien. Plus tard, j'ai profité assez longtemps du coucher du soleil avec le Mékong. La nature peut mieux faire... Mais c'était pas mal tout de même. Il y avait de l'effort...

Leçon d'humilité

Prière le soir chez une dame qui a perdu un peu la tête après le départ de son mari. Il est parti pour la Thaïlande, la laissant avec son fils sans aucune ressource. Ca arrive assez souvent il parait. La petit gars est très chouette. On avait déjà bidouillé des discussions quand ils étaient venus à Kompong Cham quand sa mère était sous le choc, presque paralysée. C'est lui qui m'a appris à jouer du sail (sorte de volant avec lequel on fait des jongles et des passes entre joueurs). On m'a dit de m'en méfier car il est voleur. Bon... On ne peut rien me voler pratiquement, alors je profite de ce jeune locrou (prof) pour m'entraîner au khmer. Il doit avoir 14 ans et semble bien mûr. Il s'occupe de sa mère sans chercher les consolations terrestres. Il les prend quand elles viennent, mais ne court pas après. Encore une leçon pour David. C'est le pays de la patience, de la persérance, de l'endurance.

Des enfants, profs de danse traditionnelle

J'y ai revu aussi les p'tits gars qui étaient venus quelques jours à Kompong Cham pour apprendre des danses traditionnelles (pour le coucours des villages cathos du 1er janvier). C'est assez bien la performance qu'ils réalisent. Surtout que ce sont eux qui ont appris aux autres enfants du village quand ils sont rentrés, devenant ainsi "locrou" à leur tour. Donc, entre "locrous", on s'est bien compris ! (sauf quand ils parlaient khmer...)

Une nuit à la khmère

Nuit sur le plancher, moustiquaire et natte. Peut-être qu'un jour je m'habituerai !... Juste avant, je me suis balladé un peu dans le village. C'était la première fois que je voyais des feux sur la route (les maisons sont toutes autour de l'unique route qui longe le Mékong. Ce n'est pas du tout francais comme urbanisme). J'ai demandé au gens pourquoi ils faisaient des feux avec les bambous. Ils m'ont répondu : "c'est pour s'éclairer." Encore une logique qui m'avait échappé... Ca faisait un peu ambiance scoute...

Un couple idéal me donne la mesure de mon engagement

Le couple qui s'occupe du terrain de l'Eglise a 23 et 22 ans. Et leur petit bonhomme est né quand je suis arrivé au Cambodge. Ils se sont mariés il y a 1 an et ils ont mon âge... Ca me fait encore quelque chose. Je veux dire que je réalise davantage le choix que je suis en train de faire. Ils forment le couple un peu idéal, pour ce que l'on en voit. Lui, travailleur, généreux, attentif et aidant sa femme. Elle, serviable, en communion avec son mari, lui étant une grande aide, rayonnant dans sa maison. (Holà ! Pas de panique ! Pas de courrier des associations féministes !!!) Mais c'est encore réducteur. Il faut les voir ensemble plutôt pour les décrire : ils sont en phase, pas de sentiment apparent (en tout cas pour ce que je voulais en voir !) de supériorité l'un sur l'autre. Ils semblent s'aimer quoi, loin d'une niaiserie de rapport tout neuf "coup de foudre". Ca avait l'air très adulte (c'est assez rare, aussi bien en France qu'au Cambodge ! (Je suis un peu dur à ce sujet, je sais !...). Très impressionnant en tout cas. Ils allaient dans le même sens, sans se fermer sur eux-même. Bien au contraire, tout ouvert sur le monde. Ils m'ont vraiment fait une bonne impression. Ca me rappelle bien ce que je laisse, en faisant le sacrifice d'une famille. Ca me motive aussi pour me mettre au service des couples, leur annoncer l'amour chrétien et les aider à ne pas se tromper de chemin ! (les psy auraient encore de quoi s'amuser avec cette manière de se faire une raison !... Ca les occupe.)

Un dimanche de mission

Ce matin, la messe dominicale, avec pas tant de monde que ca. Beaucoup étudient à Phnom Penh, les autres gardent les maisons. Ensuite, départ en moto pour récupérer le bac qui emmène sur l'autre rive (celle de Kompong Cham, de Phnom Penh...), un autre bateau pour aller à Poum Thmeï, là où a été lancée la grenade... Sur le chemin vers Kompong Cham, le bateau nous a donc laissé dans ce petit village qui m'avait fait une bonne impression aussi. A la messe, vers 13h00, j'étais à côté du petit frère de la victime de l'attentat. Il était rasé, en signe de deuil. Peu après, le père non chrétien, est arrivé. Puis la mère et la famille après la messe. Ils avaient l'air plutôt sereins, comme si de rien n'était passé la semaine dernière. Ils faisaient passer un portrait de leur fils (environ 18 ans) et ne semblaient pas chercher à faire justice eux-même. Apparemment, la police a écouté quelqu'un qui disait avoir des informations sur l'attentat, et ces derniers jours, il s'est suicidé avec des médicaments... Tout cela est un peu bizarre... Ensuite, nous sommes revenus en moto 150 cm3, donc suffisamment costaud pour nous porter à trois. On n'a mis que 3/4 d'heure pour revenir... Ils sont plus habitués que nous. Sur la route, on s'est arrêté pour voir une famille dont l'un des membres était malade. Il s'était fait opérer du foie à Phnom Penh et apparemment ce n'est pas fini. L'Eglise va les aider à payer l'hôpital car c'est assez cher, ici. Voilà le quotidien des missionnaires. Je fais le vieil habitué au milieu de tous ces gens, mais en fait je n'ouvre pas la bouche dans ces situations. Par contre, j'ouvre grands mes yeux et mes oreilles. Leur vie est vraiment loin de la nôtre, c'est fou. Dans ces voyages, j'ai du temps pour prier le chapelet. Vous y avez tous une place tout près des cambodgiens. Je compte toujours autant sur vos prières !

David
PS : demain, la comptabilité de l'Eglise commence, ainsi que les cours de francais. J'ai fait ma première préparation de cours. Tou bi continuède !...

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